Section 11
Système nerveux

Avertissement

  • Toute convulsion impose l’arrêt immédiat de la conduite. 
  • Le retour au volant dépendra de l’évaluation neurologique de la personne concernée et de la nature de l’activité de conduite en cause. 
  • Après une convulsion causée par la consommation d’alcool ou d’autres drogues, il faut s’abstenir complètement d’en consommer avant de reprendre le volant. 
  • L’inobservance du traitement, y compris les doses oubliées de médicaments, est une raison de cesser immédiatement de conduire.

11.1 Aperçu

Pour conduire en toute sécurité, il faut être capable de concentration, avoir une intelligence et une maturité raisonnables, maîtriser complètement tous ses mouvements musculaires et ne pas être distrait par une douleur intense. Une personne sécuritaire au volant doit en outre être toujours alerte, entièrement consciente et capable d’évaluer rapidement les conditions changeantes de la circulation et des routes afin de pouvoir y réagir.

Un conducteur ou une conductrice qui a déjà eu des crises de tout type, causées par l’épilepsie ou toute autre cause, est généralement apte à conduire un véhicule non commercial s’il ou elle n’a pas eu de crise depuis six mois. Dans le cas de certains types de crises qui n’ont pas d’effet sur le niveau de conscience et dont les symptômes n’affectent pas la conduite, il est possible de laisser tomber la période sans crise si le cycle de crise est constant depuis au moins 12 mois.

Cette section présente les problèmes neurologiques les plus courants qui peuvent avoir un effet néfaste sur l’aptitude à conduire.

11.2 Convulsions fébriles ou toxiques, syndromes d’épilepsie à début infantile et juvénile

Lorsque les convulsions sont liées directement à une maladie infectieuse ou toxique, survenue au cours de l’enfance ou à l’âge adulte, et que la personne s’est entièrement rétablie de cette maladie, elles ne doivent pas être considérées comme un problème dans l’évaluation ultérieure de l’aptitude médicale à conduire. Certains syndromes épileptiques infantiles bénins ne causent plus de symptômes à l’âge adulte. Ceux-ci seraient moins préoccupants qu’un trouble épileptique actuel. Il faudrait effectuer une évaluation neurologique dans tous ces cas.

11.3 Syncope

Un épisode unique de syncope entièrement expliqué qui, compte tenu de l’étiologie, a peu de chance de se reproduire, peut ne nécessiter qu’un suivi attentif de la personne concernée. Les personnes qui se sont évanouies à de nombreuses reprises ou qui ont fait des chutes inexpliquées à répétition ne doivent pas conduire avant qu’on ait déterminé la cause du problème et pris des mesures correctives et efficaces. Voir la section 14.7, Syncope.

11.4 Crises convulsives

Comme pour tous les problèmes, dans tous les cas où l’on formule une recommandation liée à un intervalle de temps, il faut considérer cette période comme une ligne directrice générale. Les circonstances individuelles peuvent justifier la prolongation ou le raccourcissement de la période suggérée.

Les recommandations relatives aux crises convulsives sont présentées à la fois sous forme de texte et de tableau (tableau 3).

11.4.1 Crise unique non provoquée avant un diagnostic

Conducteurs et conductrices de véhicules non commerciaux : Ces personnes doivent s’abstenir de conduire pendant au moins 3 mois et ne pas recommencer avant qu’on ait procédé à une évaluation neurologique complète — y compris un électroencéphalogramme (EEG) avec enregistrement à l’éveil et pendant le sommeil et une imagerie neurologique appropriée, de préférence l’imagerie par résonance magnétique (IRM) — pour déterminer la cause de la crise.

Conducteurs et conductrices de véhicules commerciaux : Il faut ordonner aux conducteurs et conductrices de véhicules commerciaux de cesser complètement et sur-le-champ de conduire tout véhicule que ce soit. Dans le cas de ces personnes, il faut être d’autant plus certain qu’elles ne subiront pas d’autre crise au volant. Elles doivent au moins suivre les lignes directrices qui s’appliquent aux conducteurs et conductrices de véhicules non commerciaux et s’abstenir de conduire un véhicule non commercial pendant au moins trois mois après une seule crise non provoquée. Si une évaluation neurologique complète, comportant un EEG à l’éveil et pendant le sommeil et une imagerie neurologique appropriée, de préférence une IRM, n’indique pas qu’il y a épilepsie ou un autre problème qui empêcherait la personne concernée de conduire, il est prudent de recommander que le conducteur ou la conductrice de véhicules commerciaux ne reprenne pas ses activités avant que 12 mois ne se soient écoulés sans crise.

11.4.2 Après un diagnostic d’épilepsie

Les personnes concernées peuvent conduire toute classe de véhicule si elles n’ont pas eu de crise depuis cinq ans et prennent ou non des médicaments anticonvulsivants. Les personnes atteintes d’épilepsie myoclonique juvénile (syndrome de Janz) ne peuvent toutefois conduire aucun type de véhicule à moins de prendre les médicaments anticonvulsivants appropriés.

Conducteurs et conductrices de véhicules non commerciaux : On ne devrait pas recommander un permis des classes 5 ou 6 pour les personnes épileptiques qui prennent des médicaments anticonvulsivants, sauf si elles satisfont aux conditions suivantes :

  • Période sans crise : La personne concernée ne doit pas avoir eu de crise depuis au moins six mois si elle prend des médicaments. Avec certaines formes d’épilepsie, on peut réduire cette période à au moins trois mois sur la recommandation d’un ou d’une neurologue, qui doit justifier sa recommandation. La période sans crise est nécessaire pour établir une concentration de médicament qui évitera d’autres crises sans effets secondaires qui pourraient nuire à la conduite. L’anticonvulsivant ne doit avoir aucun effet évident sur la vigilance et la coordination musculaire.
  • Observance par la personne concernée de la médication et des directives : Les médecins traitants devraient s’assurer que la personne concernée est consciencieuse et fiable et continuera de prendre son médicament anticonvulsivant de la façon prescrite, suivra attentivement leurs directives et signalera sans tarder toute autre crise. Il faut documenter la conformité au traitement et la pertinence de la posologie en vérifiant les niveaux sanguins de médicaments, lorsqu’il est raisonnablement possible de le faire.

 

TABLEAU 3 : Recommandations à l’intention des conducteurs et conductrices qui ont subi des crises convulsives
Type de criseConducteurs et conductrices de véhicules non commerciauxConducteurs et conductrices de véhicules commerciaux
Crise unique non provoquée avant un diagnostic (y compris les crises post-traumatiques non épileptiques)• Ne pas conduire pendant au moins trois mois
et
• Se soumettre à une évaluation neurologique, incluant de préférence un EEG (avec enregistrement à l’éveil et pendant le sommeil) et une imagerie appropriée

• Ne pas conduire de véhicule de tout type pendant au moins trois mois

et

  • Se soumettre à une évaluation neurologique, y compris EEG (avec enregistrement à l’éveil et pendant le sommeil) et imagerie appropriée
  • Si l’on ne diagnostique pas une épilepsie, la personne concernée peut recommencer à conduire un véhicule commercial après 12 mois sans crise
Après un diagnostic d’épilepsie

Retour à la conduite si

  • la personne concernée n’a pas eu de crise pendant au moins six mois* avec médicament
  • les médecins croient que la personne concernée se conforme aux directives
  • les médecins mettent la personne concernée en garde contre la fatigue et l’alcool au volant
• Retour à la conduite après cinq ans sans crise (les recommandations à une personne particulière peuvent exceptionnellement différer)
Épilepsie myoclonique juvénile (syndrome de Janz)• Ne conduire aucune classe de véhicule sans prendre de médicament anticonvulsivant approprié
Après une intervention chirurgicale pour éviter les crises d’épilepsie• Retour à la conduite si la personne concernée n’a pas eu de crise pendant 12 mois après une intervention chirurgicale avec des concentrations thérapeutiques de médicaments (les recommandations à une personne particulière peuvent exceptionnellement différer)• Retour à la conduite après cinq ans sans crise (les recommandations à une personne particulière peuvent exceptionnellement différer)
Crises seulement pendant le sommeil ou immédiatement au réveil• Retour à la conduite 12 mois après la crise initiale avec des concentrations thérapeutiques de médicaments• Ne pas conduire de véhicule commercial pendant au moins cinq ans
Interruption ou changement de médicament :
Sevrage des anticonvulsivants ou changement de médicament initial• Ne pas conduire pendant trois mois à partir de l’arrêt ou du changement de médicament• Ne pas conduire pendant six mois à partir de l’arrêt ou du changement de médicament
Si les crises reprennent après l’interruption ou le changement de médicament• Retour à la conduite après trois mois sans crise• Retour à la conduite après six mois sans crise (les recommandations à une personne particulière peuvent exceptionnellement différer)
Sevrage à long terme et arrêt de la médication• Retour à la conduite de tout type de véhicule après cinq ans sans crise sans médicament et sans signe d’activité épileptiforme révélée par EEG (avec enregistrement à l’éveil et pendant le sommeil) dans les six mois précédents
Auras (crises partielles simples)

Retour à la conduite si

  • les crises n’ont pas changé depuis au moins 12 mois
  • la personne concernée n’a eu aucune crise généralisée
  • la ou le neurologue est d’accord
  • la personne concernée n’a aucune dégradation du niveau de conscience ou de cognition
  • a personne concernée n’a aucune déviation de la tête ou des yeux causée par les crises

Retour à la conduite si

  • les crises demeurent bénignes pendant au moins trois ans
  • la personne concernée n’a eu aucune crise généralisée
  • la ou le neurologue est d’accord
  • la personne concernée n’a aucune dégradation du niveau de conscience ou de cognition
  • la personne concernée n’a aucune déviation de la tête ou des yeux causée par les crises
Crises provoquées par un sevrage de l’alcool

Retour à la conduite si

  • la personne concernée demeure sobre et n’a pas eu de crise depuis six mois
  • la personne concernée a terminé un programme reconnu de réadaptation pour dépendance à l’alcool
  • la personne concernée suit fidèlement le traitement
*Ou 12 mois sans crise si la personne a subi des crises liées à une altération de la conscience au cours des deux années précédentes (voir texte). Remarque : EEG = électroencéphalogramme.

 

• Précautions : Les médecins doivent prévenir les personnes épileptiques qu’elles ne doivent pas conduire pendant de longues heures sans prendre de repos ou lorsqu’elles sont fatiguées.

Les personnes qui doivent prendre des anticonvulsivants et qui consomment de l’alcool en quantité excessive ne doivent pas conduire à moins d’avoir cessé complètement de boire et de n’avoir eu aucune crise depuis au moins six mois. Ces personnes négligent souvent de prendre leurs médicaments quand elles boivent. Il est reconnu aussi que le sevrage de l’alcool précipite des crises et que la consommation d’alcool, même en quantité modérée, peut entraîner une plus grande incapacité en présence d’anticonvulsivants. Il faut recommander aux personnes qui prennent ces médicaments de ne pas prendre plus d’une consommation d’alcool en 24 heures.

La personne qui cesse de prendre des anticonvulsivants en dépit de l’avis contraire du médecin ne doit pas être autorisé à conduire. Cette interdiction peut changer si les médecins sont convaincus que la personne qui ne se conformait pas au traitement auparavant prend de nouveau ses anticonvulsivants de la façon prescrite et continuera de les prendre consciencieusement à l’avenir, et si l’observance est corroborée par des concentrations thérapeutiques de médicaments le cas échéant.

Conducteurs et conductrices de véhicules commerciaux : Il peut être dangereux pour un conducteur ou une conductrice de véhicule commercial qui doit prendre des anticonvulsivants de conduire un véhicule de transport commercial ou de transport de passagers (classes 1 à 4). Dans le cas de ces personnes, il faut être d’autant plus certain qu’elles ne subiront pas d’autre crise au volant. Les conducteurs et conductrices de véhicules commerciaux sont souvent obligés de conduire pendant de longues périodes, souvent dans des conditions extrêmement difficiles ou des situations de stress élevé ou de grande fatigue qui pourraient précipiter une autre crise. Malheureusement, une crise peut parfois se produire même après de nombreuses années de traitement efficace.

11.4.3 Après une intervention chirurgicale pour éviter les crises d’épilepsie

Conducteurs et conductrices de véhicules non commerciaux : Ces personnes doivent ne pas avoir eu de crise pendant 12 mois après l’intervention chirurgicale et doivent prendre des anticonvulsivants pour être autorisées à conduire tout type de véhicule. Il est possible de ramener cette période à six mois sur une recommandation en neurologie.

Conducteurs et conductrices de véhicules commerciaux : Avant de recommencer à conduire, les conducteurs et conductrices de véhicules commerciaux ne doivent pas avoir eu de crise depuis cinq ans, avec ou sans médicaments. Dans le cas de certaines formes d’épilepsie, il est toutefois possible de ramener cette période à trois ans sur une recommandation en neurologie.

11.4.4 Crises survenant uniquement pendant le sommeil ou au réveil

Conducteurs et conductrices de véhicules non commerciaux : Les personnes épileptiques qui ont des crises seulement pendant le sommeil ou immédiatement au réveil peuvent être autorisées à obtenir un permis pour véhicule non commercial (classes 5 et 6) si le cycle des crises est constant depuis au moins 12 mois après la crise initiale ou si elles n’ont pas eu de crise depuis au moins six mois.

Conducteurs et conductrices de véhicules commerciaux : Les conducteurs et conductrices qui ont de telles crises et qui prennent des médicaments à des concentrations thérapeutiques ne doivent pas conduire de véhicules de transport de passagers ni de camions commerciaux (classes 1 à 4) pendant au moins cinq ans. Les recommandations pour chaque personne peuvent différer dans des cas exceptionnels. La personne concernée ne doit pas avoir de dégradation postconvulsive prolongée lorsqu’elle est en éveil.

11.4.5 Interruption des anticonvulsivants ou changement de médication

Ces recommandations ne s’appliquent pas à l’abandon volontaire des anticonvulsivants par la personne concernée ou aux doses oubliées de médicaments d’ordonnance.

Interruption initiale ou changement : Certaines personnes dont les crises sont pleinement maîtrisées seront victimes de rechutes si l’on interrompt leur médicament anticonvulsivant ou en change la teneur ou la posologie. Comme le taux de rechute après l’interruption du médicament est d’au moins 30% à 40 %, les patientes et patients ne doivent pas conduire pendant trois mois à compter du moment où l’on interrompt leur médicament ou en change la teneur ou la posologie. Il faut toujours prévenir ces personnes qu’elles pourraient avoir une rechute et les informer des facteurs de risque de récidive.

Les mêmes préoccupations et conditions s’appliquent aux personnes qui conduisent des véhicules commerciaux qu’à celles qui conduisent des véhicules non commerciaux. La période d’observance avant de commencer à conduire est toutefois de six mois et la personne concernée doit produire pendant cette période un EEG normal de préférence avec enregistrement à l’éveil et pendant le sommeil. Si l’on effectue l’évaluation dans le contexte d’interruption du médicament, il faut procéder à l’EEG avec des concentrations sériques non mesurables de médicament.

Si les crises reprennent : Lorsque les crises reprennent après que des médecins ont ordonné l’interruption de leur médicament anticonvulsivant ou en ont changé la teneur ou la posologie, les personnes concernées peuvent recommencer à conduire à condition de prendre conformément aux directives le médicament qui était auparavant efficace. Pour recommencer à conduire, les personnes qui conduisent des véhicules non commerciaux ne doivent pas avoir eu de crise depuis trois mois et celles qui conduisent de véhicules commerciaux ne doivent pas en avoir eu depuis six mois.

Interruption à long terme ou arrêt : Les personnes épileptiques qui ont cessé de prendre leurs anticonvulsivants peuvent conduire tout type de véhicule lorsqu’elles n’ont pas eu de crise depuis cinq ans sans prendre de médicament et qu’un EEG à l’éveil et pendant le sommeil obtenu au cours des six mois précédant le retour au volant n’a enregistré aucune activité épileptiforme.

11.4.6 Auras (crises partielles simples)

Conducteurs et conductrices de véhicules non commerciaux : Les personnes qui ont des auras accompagnées de symptômes somato-sensoriels, de symptômes sensoriels particuliers ou de crises motrices focales non incapacitantes dans un seul membre, sans déviation de la tête ou des yeux, peuvent être autorisées à obtenir un permis des classes 5 ou 6 à condition de ne pas avoir de dégradation de leur niveau de conscience et de cognition, que les crises soient demeurées stables depuis plus d’un an, qu’elles n’aient pas eu de crise depuis au moins six mois et qu’un ou une neurologue les autorise à recommencer à conduire.

Conducteurs et conductrices de véhicules commerciaux : Les personnes qui ont des auras accompagnées de symptômes somato-sensoriels, de symptômes sensoriels particuliers ou de crises motrices focales non incapacitantes dans un seul membre, sans déviation de la tête ou des yeux, pourraient être autorisées à conduire des véhicules commerciaux, y compris des véhicules de transport de passagers (classes 1 à 4), à condition de ne pas présenter de dégradation de leur niveau de conscience, que les crises sont demeurées bénignes depuis au moins trois ans et ne se sont jamais généralisées, et qu’un ou une neurologue les autorise à recommencer à conduire.

11.4.7 Crises provoquées par un sevrage de l’alcool

Après une période de consommation chronique ou de forte consommation d’alcool, le sevrage peut provoquer des crises chez les personnes épileptiques et non épileptiques. Les personnes qui ont eu des crises liées au sevrage de l’alcool ne doivent pas conduire. Il faut les évaluer pour exclure tout trouble épileptique sous-jacent. Avant de pouvoir recommencer à conduire, ces personnes doivent terminer un programme reconnu de réadaptation pour toxicomanie, avoir cessé complètement de boire et n’avoir eu aucune crise depuis six mois. Une personne non-épileptique victime d’une crise provoquée par le sevrage de l’alcool n’a généralement pas besoin de médicaments anticonvulsivants.

11.5 Blessure à la tête et crises convulsives

Il faut toujours examiner avec un soin particulier les conducteurs et conductrices qui ont subi récemment un traumatisme à la tête pour déterminer s’elles et ils présentent des signes de confusion ou d’autres symptômes qui pourraient les rendre temporairement inaptes à conduire. Une blessure mineure à la tête n’empêche habituellement pas de conduire pendant plus de quelques heures, mais il faut toujours évaluer à fond un traumatisme plus sérieux qui pourrait entraîner des dommages cérébraux résiduels ou une commotion cérébrale même minime avant d’autoriser la personne concernée à reprendre le volant.

Voir aussi la section 16, Traumatisme craniocérébral.

11.5.1 Convulsions post-traumatiques

Dans certaines conditions, une personne qui a subi une blessure à la tête peut recommencer à conduire après une seule crise de convulsions post-traumatiques.

Conducteurs et conductrices de véhicules non commerciaux : Une personne qui a subi une seule crise de convulsions post-traumatiques doit s’abstenir de conduire pendant au moins trois mois et tant qu’elle n’a pas subi un examen neurologique complet, y compris un EEG (avec enregistrement à l’éveil et pendant le sommeil) et une imagerie appropriée du cerveau.

Conducteurs et conductrices de véhicules commerciaux : Une personne qui a subi une seule crise de convulsions post-traumatiques doit s’abstenir de conduire pendant au moins 12 mois et tant qu’il ou elle n’a pas subi un examen neurologique complet, y compris un EEG (avec enregistrement à l’éveil et pendant le sommeil) et une imagerie appropriée du cerveau.

11.5.2 Épilepsie post-traumatique

Les lignes directrices pour les personnes qui conduisent des véhicules non commerciaux et celles qui conduisent des véhicules commerciaux après un diagnostic d’épilepsie (voir la section 11.4.2, Après un diagnostic d’épilepsie) devraient s’appliquer aux personnes atteintes d’épilepsie post-traumatique.

11.6 Troubles de la coordination, de la force et du contrôle musculaires

Des atteintes de la force musculaire ou de la coordination surviennent dans une très grande diversité de maladies, chacune représentant une problématique particulière. Parmi ces affections, on compte les suivantes : faiblesse, altération du tonus musculaire, mouvements involontaires ou perte de coordination attribuables à la poliomyélite, maladie de Parkinson, sclérose en plaques, paralysie cérébrale, dystrophies musculaires, myasthénie grave, tumeurs au cerveau ou à la moelle épinière, spina bifida, dommage organique au cerveau à la suite d’un traumatisme à la tête ou d’un accident vasculaire cérébral, maladie de Tourette, chorée de Huntington et ataxies.

Au début de certains de ces problèmes, il n’est peut-être pas nécessaire de restreindre la conduite. Dans les cas lourds, il sera toutefois évident que la personne concernée n’est pas en mesure de conduire. Les conducteurs et conductrices titulaires d’un permis de classe 5 qui ont subi une perte limitée de contrôle ou de force musculaire peuvent faire installer des commandes spéciales dans leur véhicule. Les bureaux des véhicules automobiles des provinces et des territoires connaissent les équipements qui existent et l’endroit où il est possible de les acheter. Après que les dispositifs de commande sont installés, le conducteur ou la conductrice doit se soumettre à un examen routier et convaincre l’examinateur ou l’examinatrice qu’il ou elle peut conduire en toute sécurité.

Si le trouble n’est pas de nature évolutive, un examen médical et un examen routier suffisent habituellement. Il faut toutefois suivre de près la personne dont l’état est évolutif ou qui a de multiples problèmes médicaux et l’arrêter de conduire lorsque l’incapacité atteint un point qui le rend dangereux ou la rend dangereuse au volant. Les médecins doivent alors recommander une évaluation fonctionnelle si la personne concernée veut recommencer à conduire.

Si le problème est caractérisé ou accompagné par une déficience de la cognition, de la mémoire, du jugement ou du comportement, ou s’il risque de provoquer l’inconscience, il faut recommander au patient ou à la patiente de cesser de conduire. Tout signe de troubles cognitifs doit déclencher une évaluation plus poussée de l’aptitude à conduire (voir la section 8, Démence).

Dans la plupart des cas, ces troubles empêchent de détenir un permis de classe 6. Les personnes atteintes de neuropathie périphérique provoquant des symptômes sensoriels ou moteurs doivent consulter en médecine de spécialité pour une évaluation plus poussée.

11.7 Douleur intense

La douleur intense causée par des migraines, une névralgie du trijumeau ou des lésions à la colonne cervicale ou lombaire peut émousser la concentration et limiter la liberté de mouvement nécessaire à un point qui peut rendre la conduite extrêmement dangereuse. Ce problème est particulièrement préoccupant dans le cas des conducteurs et conductrices de véhicules commerciaux qui, en raison de leurs responsabilités ou de leurs conditions de travail, risquent de ne pas pouvoir interrompre leur travail même si la douleur devient invalidante. 

Les analgésiques d’ordonnance et en vente libre peuvent en outre nuire à la capacité de conduire. Ces médicaments peuvent toutefois rendre certaines personnes capables de conduire en dépit de leur douleur. Il faut conseiller aux personnes qui ont des douleurs fréquentes ou chroniques invalidantes d’éviter de conduire lorsque leurs capacités sont réduites. 

Le problème sous-jacent à l’origine de la douleur peut avoir un effet sur l’aptitude de la personne concernée à conduire et une évaluation fonctionnelle peut être indiquée. Voir la section 2, Évaluation fonctionnelle – importance croissante.

11.8 Tumeurs intracrâniennes

Une personne qui veut reprendre la conduite d’un véhicule non commercial ou d’un véhicule commercial après l’ablation d’une tumeur intracrânienne doit se soumettre à une évaluation périodique du rétablissement de la fonction neurologique et de l’absence d’activité épileptique.

11.8.1 Tumeurs bénignes

Si l’on constate que le jugement, la coordination, les champs visuels, l’équilibre, la force motrice et les réflexes d’une personne sont tous normaux après l’ablation d’une tumeur intracrânienne bénigne, il n’y a normalement aucune raison de recommander de restreindre en permanence son privilège de conduire.

Lorsqu’une crise se produit avant ou après l’ablation d’une tumeur, la personne concernée doit n’avoir eu aucune crise pendant au moins 12 mois, avec ou sans médication, avant de recommencer à conduire.

11.8.2 Tumeurs malignes

On ne peut formuler aucune recommandation générale sur la conduite après l’ablation d’une tumeur maligne ou d’une tumeur au cerveau avec métastases. Il faut toujours consulter la ou le neurologue-conseil et le chirurgien ou la chirurgienne qui a procédé à l’ablation de la tumeur et évaluer chaque cas individuellement. Les crises convulsives associées à une tumeur au cerveau sont abordées ci-dessus. Si la tumeur peut réapparaître, les médecins devraient toujours bien expliquer à la personne concernée la nature de son état avant d’envoyer un rapport médical au bureau des véhicules automobiles.

11.9 Maladie de Parkinson et parkinsonisme

Pendant les premiers stades, la maladie de Parkinson ne touche que la motricité fine, ce qui ne devrait pas affecter l’aptitude à conduire. Avec la progression de la maladie, une déficience en ce qui a trait à la vitesse des mouvements globaux et du temps de réaction peut commencer à rendre la conduite dangereuse. La situation peut être aggravée par une déficience cognitive associée, les effets secondaires des médicaments (p. ex., somnolence, mouvements involontaires, hallucinations) et une réaction de plus en plus imprévisible aux médicaments menant à un effet « d’estompement » ainsi que d’autres fluctuations de la fonction motrice. La principale préoccupation est la lenteur du temps de réaction de la personne dans des situations où la circulation est complexe, augmentant ainsi le risque de collision. L’évaluation périodique de la vitesse de traitement de l’information aidera à déterminer les changements dans le temps de réaction. Le test Montreal Cognitive Assessment (MoCA; www.mocatest.org) peut être utile à cet égard, suivi d’un examen de conduite.


Ressources

Koppel S, Di Stefano M, Dimech-Betancourt B, Aburumman M, Osborne R, Peiris S, et al. Influence of epilepsy and/or seizure disorders on MVC risk.
In: Charlton JL, De Stefano M, Dow J, Rapoport MJ, O'Neill D, Odell M, et al., project leads. Influence of chronic illness on crash involvement of motor vehicle drivers. 3rd ed. Report 353. Victoria, Australia: Monash University Accident Research Centre; 2021 Mar. p. 29-42. Accessible ici : https://www.monash.edu/__data/assets/pdf_file/0008/2955617/Chronic-illness-and-MVC-risk_Report-MUARC-report-no-353_JUNE2022.pdf (consulté le 4 juill. 2022).

Koppel S, Di Stefano M, Dimech-Betancourt B, Aburumman M, Osborne R, Peiris S, et al. What is the motor vehicle crash risk for drivers with epilepsy? J Transport Health. 2021;23:101286.