Il faut recommander aux personnes qui prennent des drogues illicites, des médicaments d’ordonnance ou des médicaments en vente libre, reconnus pour leurs effets pharmacologiques ou effets secondaires susceptibles de nuire à l’aptitude à conduire de s’abstenir de conduire avant que l’on connaisse leur réaction ou que les effets secondaires pouvant affecter la conduite disparaissent (p. ex., personnes stabilisées par une thérapie à long terme aux opiacés contre la douleur chronique ou la dépendance physique aux opiacés) (Asbridge et coll., 2021). Il ne faut pas oublier que les médicaments peuvent aussi avoir des effets indésirables inattendus qui risquent de nuire à l’aptitude à conduire.
On craint de plus en plus que les conducteurs et conductrices de véhicules commerciaux conduisent souvent avec des facultés affaiblies par l’alcool, le cannabis et ses dérivés, de même que par des stimulants. Il est bien connu que l’alcool et le cannabis détériorent l’habileté à conduire. Même si les camionneurs et camionneuses au long cours utilisent parfois des stimulants pour lutter contre la fatigue, des études ont démontré que les personnes qui utilisent des stimulants ont des comportements plus risqués au volant, respectent moins les règlements de la circulation et le code de la route et risquent davantage de s’endormir et d’avoir un accident (https://www.ccsa.ca/impaired-driving). Les études sur les accidents de véhicules à moteur et les facultés altérées par les médicaments ont démontré que les antidépresseurs, les benzodiazépines et les médicaments Z prescrits couramment pour aider à dormir présentent un risque accru (Dassanayake et coll., 2011; National Institute on Drug Abuse, 2019). Même si les médicaments Z comme le zopiclone sont commercialisés comme non-benzodiazépines, ils ont un effet sur le complexe récepteur des benzodiazépines et sont clairement sédatifs hypnotiques. On a constaté que les effets de 7,5 mg de zopiclone équivalent à une alcoolémie de 0,5 à 0,8 mg/mL (Leufkens et Vermeeren, 2014). Les effets résiduels qui provoquent le louvoiement et les variations de vitesse au volant persistent au moins 11 heures après la dose nocturne (Leufkens et Vermeeren, 2014).
L’utilisation simultanée de plusieurs substances psychotropes ou psychoactives (p. ex., combinaison d’alcool et d’antihistaminiques, de benzodiazépines ou de médicaments Z) peut augmenter les risques d’effets secondaires. Chez les personnes âgées, il est possible d’établir un lien entre l’augmentation du nombre de médicaments d’ordonnance, sans égard à leur type, et un risque accru d’altération des facultés au volant en raison d’effets secondaires sur la cognition et d’interactions entre des médicaments, en particulier lorsque l’on a prescrit cinq médicaments ou plus.
Il est essentiel de procéder à une évaluation appropriée de la personne concernée, en considérant notamment la possibilité d’une toxicomanie, afin de s’assurer que le risque de conduite avec facultés affaiblies n’augmente pas.
Les personnes chez lesquelles on a diagnostiqué un trouble lié à l’utilisation des substances (médicaments ou drogues illicites) ont besoin de traitements spécialisés. On devrait leur conseiller de ne pas conduire tant que leur rétablissement n’est pas suffisamment stable. La déclaration du trouble d’utilisation peut être obligatoire, selon l’administration (voir la section 3, Déclaration – quand et pourquoi).
Les effets continus des médicaments d’ordonnance (p. ex., thérapie à long terme aux opioïdes contre la douleur chronique ou pour le traitement du trouble lié à l’utilisation des opioïdes) n’altèrent pas les facultés au volant une fois la tolérance établie. Il ne faut pas oublier que les médicaments pris selon l’ordonnance ou la prescription peuvent avoir aussi des effets indésirables inattendus.
Pour s’assurer que la patientèle est toujours apte à conduire, il faut envisager des soins continus et un suivi biologique visant à déterminer qu’elle est en rémission. Il importe pour les médecins de premier recours de surveiller dans quelle mesure la personne se conforme au traitement recommandé et se rétablit, car elle demeure vulnérable à la rechute pendant le reste de sa vie. Il faut poser un jugement clinique pour évaluer le risque de conduire avec les facultés altérées par la drogue. La consultation en médecine de spécialité du traitement de la toxicomanie doit être envisagée dans les cas où les médecins de premier recours ont un doute quelconque concernant le rétablissement de leur patient ou patiente.
Les personnes qui ont une réaction de sevrage à des médicaments psychotropes ou psychoactifs peuvent être temporairement incapables de conduire et il faut leur recommander de s’abstenir de conduire jusqu’à ce que les symptômes aigus aient disparu.