Si elles sont assez graves, certaines maladies respiratoires peuvent empêcher de conduire un véhicule automobile en toute sécurité. La diminution de l’apport d’oxygène au cerveau peut nuire au jugement, émousser la concentration et ralentir les temps de réaction (Karakontaki et coll., 2013). Une dyspnée marquée peut aussi limiter la capacité physique d’une personne à conduire un véhicule automobile. Il faut noter qu’une oxygénation sous-optimale risque de déstabiliser la maladie respiratoire et de nuire à la cognition (Parekh et coll., 2005), et que l’oxygénation cérébrale insuffisante qui en résulte peut rendre la personne inapte à conduire (Karakontaki et coll., 2013; Skovhus Prior et coll., 2015). La maladie respiratoire avancée et l’obésité morbide peuvent nuire à la ventilation et l’hypercapnie qui en résulte peut s’accompagner de symptômes psychomoteurs susceptibles de nuire à l’aptitude à conduire (Bahammam et Al-Jawder, 2012). En outre, le vieillissement ainsi que le déclin physique résultant de la maladie respiratoire peuvent influencer l’aptitude fonctionnelle à conduire d’une personne (Colón-Emeric et coll., 2013).
Section 18
Maladies respiratoires
Avertissement
Contre-indication immédiate à la conduite — il faut recommander à une personne atteinte du problème suivant de ne pas conduire jusqu’à ce qu’on ait évalué et traité ou résolu son problème médical :
- tout problème qui cause une insuffisance de l’oxygénation cérébrale ou une hypercapnie à l’origine d’un ralentissement psychomoteur; par exemple, une bronchopneumopathie chronique obstructive décompensée et symptomatique
18.1 Aperçu
18.2 Évaluation
On peut caractériser ainsi la déficience associée à la dyspnée :
- Légère — Difficulté à respirer lorsque la patiente ou le patient marche rapidement sur terrain plat ou grimpe une pente; capacité de suivre des gens du même âge et de la même carrure sur terrain plat, mais non dans une pente ou un escalier
- Moyenne — Essoufflement après quelques minutes de marche ou après avoir parcouru 100 m sur terrain plat
- Grave — Essoufflement trop important pour quitter la maison, essoufflement en s’habillant; présence d’une insuffisance respiratoire non traitée
18.3 Maladie pulmonaire obstructive chronique et autres maladies respiratoires chroniques
Conduire pourrait être dangereux pour une patiente ou un patient atteint d’hypoxie chronique non traitée. Bon nombre de personnes atteintes de maladies respiratoires comme la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) conduisent régulièrement et en toute sécurité, même lorsqu’elles ont besoin d’oxygène. Il est important de reconnaître que la capacité à conduire ne se détermine pas seulement par la gravité de la maladie, mais aussi par les aptitudes fonctionnelles (Orth et coll., 2008). En cas de doute sur l’aptitude de la personne à conduire un véhicule à moteur, on recommande aux médecins de demander une évaluation de la conduite, un examen sur route, ou les deux. Le matériel à oxygène, le cas échéant, doit être installé de façon sécuritaire à l’intérieur du véhicule. Se référer au tableau 12 pour un résumé des recommandations concernant les personnes atteintes de maladies respiratoires chroniques, tirées du Code canadien de sécurité (Conseil canadien des administrateurs en transport motorisé, 2021).
Degré de déficience* | Conducteurs et conductrices de véhicules non commerciaux | Conducteurs et conductrices de véhicules commerciaux |
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Aucune déficience ou déficience légère | Aucune restriction | Aucune restriction |
Déficience modérée | Aucune restriction Le degré de déficience doit être réévalué périodiquement pour confirmer l’absence d’évolution de la maladie qui affecterait l’aptitude à conduire de la personne. | Dépend de la nature des activités. Un examen sur route peut être nécessaire. Les prestataires de soins de santé doivent :
|
Déficience modérée ou grave nécessitant un apport d’oxygène au repos | Examen sur route avec utilisation du matériel d’oxygénation pour confirmer que l’aptitude fonctionnelle est adéquate. Le matériel d’oxygénation doit être installé de façon sécuritaire et utilisé lors de la conduite. Des réévaluations cliniques de routine sont nécessaires. | La personne n’est pas admissible à un permis. Une déficience grave ou le besoin d’un apport continu en oxygène indique des difficultés quant au degré de fonctionnalité jugé nécessaire à la conduite de véhicules commerciaux. |
*Le degré de déficience se caractérise selon les symptômes respiratoires ou par épreuve de fonction respiratoire. La relation entre les deux n’est toutefois pas parfaite; c’est pourquoi il faut accorder la priorité aux symptômes et aux aptitudes fonctionnelles de la personne. |
18.4 Trachéostomie permanente
La personne qui a subi une trachéostomie permanente et qui n’a aucune difficulté à garder l’orifice dégagé de mucus doit pouvoir conduire toute catégorie de véhicule automobile, à condition que le problème de santé à l’origine de la trachéostomie ne l’empêche pas de conduire. Voir aussi la section 25, Motocyclettes et véhicules hors route.
Références
Bahammam AS, Al-Jawder SE. Managing acute respiratory decompensation in the morbidly obese. Respirology. 2012;17(5):759-71.
Canadian Council of Motor Transport Administrators. Chapter 16: Respiratory diseases. In: National Safety Code. Standard 6. Determining driver fitness in Canada. Part 2: CCMTA medical standards for drivers. Ottawa (ON): The Council; 2021. p. 201-7. Accessible ici : https://ccmta.ca/web/default/files/PDF/National%20Safety%20Code%20Standard%206%20-%20Determining%20Fitness%20to%20Drive%20in%20Canada%20-%20February%202021%20-%20Final.pdf (consulté le 23 oct. 2022).
Colón-Emeric CS, Whitson HE, Pavon J, Hoenig H. Functional decline in older adults. Am Fam Physician. 2013;88(6):388-94.
Karakontaki F, Gennimata SA, Palamidas AF, Anagnostakos T, Kosmas EN, Stalikas A, et al. Driving-related neuropsychological performance in stable COPD patients. Pulm Med. 2013;2013:297371.
Orth M, Diekmann C, Suchan B, Duchna HW, Widdig W, Schultze-Werninghaus G, et al. Driving performance in patients with chronic obstructive lung disease. J Physiol Pharmacol. 2008;59 Suppl 6:539-47.
Parekh PI, Blumenthal JA, Babyak MA, LaCaille R, Rowe S, Dancel L, et al. Gas exchange and exercise capacity affect neurocognitive performance in patients with lung disease. Psychosom Med. 2005;67(3):425-32.
Skovhus Prior T, Troelsen T, Hilberg O. Driving performance in patients with chronic obstructive lung disease, interstitial lung disease and healthy controls: a crossover intervention study. BMJ Open Respir Res. 2015;2:e000092.