20.2.1
Hémodialyse
Les personnes sous hémodialyse en établissement peuvent présenter de multiples comorbidités cardiovasculaires et diabétiques. Pour déterminer leur aptitude à conduire, les médecins doivent évaluer ces personnes individuellement afin d’établir la présence de comorbidités, de prise de médicaments pertinents et d’effets secondaires importants liés aux traitements.
Peu d’études offrent aux médecins des outils validés pour repérer les personnes sous dialyse qui peuvent être inaptes à conduire. Une étude portant sur 186 personnes recevant des traitements de dialyse aux États-Unis (89 % sous hémodialyse, 11 % sous dialyse péritonéale) a révélé que 40 % des personnes interrogées n’étaient « pas confortables au volant » (Vats et Duffy, 2010). Or, 42 % des membres du groupe ont continué à conduire, parmi lesquels 48 % ont déclaré avoir été impliqués dans un accident. Environ trois personnes sur quatre ayant admis se sentir inconfortables au volant ont déclaré au moins un symptôme de faiblesse, d’étourdissement, ou de coordination difficile après une séance d’hémodialyse.
Varela et coll. (2015) ont analysé l’exactitude d’un instrument mis au point par l’Association américaine des automobilistes (AAA) et l’association médicale américaine pour évaluer la sécurité des conducteurs aînés en l’appliquant spécifiquement à 106 personnes sous dialyse (68 % sous hémodialyse, 32 % sous dialyse péritonéale). Dans la liste de contrôle « Am I a Safe Driver? » (Puis-je conduire en toute sécurité?), on demande aux personnes de répondre à 24 questions précises (une a été omise pour la patientèle sous dialyse). Les auteurs ont conclu qu’une réponse « Oui » à deux questions ou plus de la liste pourrait aider à repérer les personnes qui présentent un risque élevé d’avoir les facultés altérées au volant (sensibilité de 84 %, spécificité de 58 %), mais il fallait confirmer ces résultats par d’autres méthodes, car on peut toujours considérer que presque la moitié des personnes « positives au dépistage » peuvent quand même conduire en toute sécurité.
Ces études indiquent : 1) qu’un pourcentage important de la patientèle sous dialyse (et en particulier sous hémodialyse) peut vivre des épisodes au cours desquels elle n’est pas apte à conduire, particulièrement après une séance de dialyse et 2) qu’une liste comme « Drivers 65 Plus: Check Your Performance » (en anglais seulement; AAA Foundation for Traffic Safety, 2019) peut aider à repérer les personnes qui doivent faire l’objet d’une évaluation plus poussée. Les données ne suffisent toutefois pas pour imposer un dépistage régulier chez la patientèle sous dialyse au moyen de cet instrument ou de solutions de rechange possibles.
Les membres du personnel des services de dialyse peuvent envisager de demander aux personnes concernées comment elles planifient rentrer chez elles si une séance d’hémodialyse produit des symptômes importants et de discuter d’autres arrangements dans le cas des personnes qui avaient prévu conduire, mais ne semblent pas assez bien pour le faire.
Les personnes sous hémodialyse ne doivent pas s’éloigner de plus d’une ou deux journées de distance de la maison en voiture sans prendre de dispositions pour obtenir un traitement de dialyse dans un autre centre. Si elles planifient un voyage de plus longue durée, ces personnes doivent consulter leur clinique locale de dialyse, qui a accès à des listes de centres de dialyse au Canada et aux États-Unis qui accepteront une patientèle en voyage. La personne doit faire évaluer en service de néphrologie son état de santé général et la stabilité de celui-ci sous dialyse avant de planifier un voyage.