Les tendances démographiques actuelles prédisent une augmentation importante du nombre de conducteurs et de conductrices âgés au cours des 20 prochaines années. Comme la prévalence de trouble neurocognitif majeur dégénératif augmente avec l’âge, le nombre de personnes âgées atteintes de démence augmentera aussi considérablement. Les médecins doivent être au courant des déficits cognitifs qui altèrent l’aptitude à conduire.
Le terme « démence » englobe tout un groupe de maladies (c.-à-d., différents types de démence) qui peuvent exercer divers effets sur les habiletés fonctionnelles requises pour conduire de manière sécuritaire. On sait que les personnes qui souffrent de maladie d’Alzheimer manifestent un déclin prévisible de leur fonction cognitive et que le déclin de leur aptitude à conduire peut être abrupt, mais moins prévisible (Duchek et coll., 2003). Toutefois, à ce jour, aucune étude longitudinale n’a porté sur le déclin de l’aptitude à conduire associé à d’autres formes de démence. Il n’en demeure pas moins que certaines caractéristiques de ces démences pourraient avoir des implications sur l’aptitude à conduire. Par exemple, la démence vasculaire peut se manifester par des épisodes brusques d’aggravation associés à l’accumulation de lésions vasculaires. La démence de Parkinson et la démence à corps de Lewy sont souvent associées à des dysfonctions motrices, exécutives et visuospatiales susceptibles d’être dangereuses sur la route. En outre, certaines démences frontotemporales sont liées à une dysfonction exécutive et à des anomalies précoces du comportement (p. ex., difficulté à maîtriser la colère) qui rendent la conduite dangereuse. En terminant, toutes les personnes atteintes de démence sont plus sujettes à l’état confusionnel aigu et à un déclin cognitif imprévisible et soudain. On en conclut qu’il est difficile de prévoir la progression des personnes atteintes de démence vers une inaptitude avérée à conduire. Des revues de la littérature scientifique ont fait état d’une grande variabilité dans l’évaluation du risque de collision chez les personnes atteintes de démence, mais elles ont toutes indiqué un risque accru de déclin de l’aptitude à conduire ou d’échec lors des tests sur route, même aux stade léger de démence (Man-Son-Hing et coll., 2007; Chee et coll., 2017).