Les autorités responsables de l’attribution des permis de conduire, ou bureaux des véhicules automobiles, ont le pouvoir d’émettre et de suspendre les permis de conduire. Les lois provinciales et territoriales prévoient que ces autorités peuvent obliger les conducteurs et conductrices titulaires d’un permis à se soumettre à un examen d’évaluation de leur aptitude à conduire. « Aptitude » s’entend ici au sens médical. La décision définitive quant à l’admissibilité au permis appartient en dernier ressort aux bureaux provinciaux et territoriaux des véhicules automobiles et l’aptitude à conduire constitue un déterminant majeur de l’admissibilité. Les recommandations que présente l’AMC dans ce guide visent à aider les médecins à conseiller leur patientèle sur les effets qu’un problème de santé aura sur l’aptitude à conduire et comment réduire au minimum ces effets. Le guide aidera également les médecins à évaluer l’aptitude d’une personne à conduire et à cerner les problèmes qui l’empêcheront probablement de détenir un permis.
Il faut rappeler que la conduite est un privilège et non un droit. Tout comme les médecins doivent rester « aptes » à exercer la médecine, les conducteurs et conductrices doivent rester aptes à conduire et pouvoir prouver cette aptitude si elle est remise en question.
La classification des permis de conduire tient compte de toute formation ou de tout savoir spécialisé qui pourrait être exigé du conducteur ou de la conductrice. Par exemple, la conduite d’un camion articulé nécessite une formation particulière qui n’est pas nécessaire pour la conduite d’une automobile; de la même façon, la conduite d’un taxi requiert une connaissance détaillée de la géographie de la région, ce qui n’est pas obligatoire pour conduire la voiture familiale. Ces facteurs supplémentaires sont reflétés par les différentes classes de permis de conduire. Généralement, les titulaires de permis de classe 1 à 4 (ensemble de véhicules lourds, autobus, camions, véhicules d’urgence et minibus) sont dans la catégorie de conducteurs et conductrices de « véhicules commerciaux », et les titulaires de toute autre classe de permis (automobiles, motocyclettes, cyclomoteurs, scooters, motocyclettes à trois roues et tracteurs) sont de la catégorie de conducteurs et conductrices de « véhicules non commerciaux ». Les conducteurs et conductrices de taxi appartiennent à la catégorie commerciale dans certaines administrations, mais dans la catégorie non commerciale dans d’autres.
Puisque le présent guide vise à orienter les médecins dans la détermination de l’aptitude à conduire, plutôt que dans la catégorisation des conducteurs et conductrices en fonction du système d’octroi des permis, et puisque la conduite est un facteur important dans cette détermination, le conseil de rédaction scientifique a décidé que cette publication utilisera les termes « non commercial » et « commercial », plutôt que « privé » et « commercial », comme c’était le cas dans les éditions précédentes.
Par conséquent, les conducteurs et conductrices de véhicules commerciaux sont ceux et celles dont la conduite occupe une place importante dans leur emploi, le reste étant des conducteurs et conductrices de véhicules non commerciaux. Ainsi, une représentante commerciale qui doit conduire pour rencontrer un client et un chauffeur de taxi qui transporte une cliente payante font partie de la catégorie « commerciale », alors qu’une médecin qui utilise une voiture pour effectuer des visites à domicile tombe dans la catégorie « non commerciale » puisque rien ne l’oblige à utiliser un véhicule à moteur pour son transport.
Les médecins doivent évaluer l’aptitude de leur patientèle à conduire dans son contexte de conduite et la conseiller en conséquence. Évidemment, pour une personne présentant un risque connu d’événement médical, le risque que l’événement se reproduise quand elle est au volant sera beaucoup plus grand si elle passe la majeure partie de la journée au volant que si elle conduit rarement.
Les autorités responsables de l’attribution des permis de conduire exigent une bien meilleure condition physique des conducteurs et conductrices de véhicules commerciaux qui conduisent des véhicules de transport de personnes, des camions et des véhicules d’urgence. Ces gens passent beaucoup de temps au volant, souvent dans des conditions beaucoup plus difficiles que les personnes qui conduisent des véhicules non commerciaux. Les conducteurs et conductrices de véhicules commerciaux ne choisissent habituellement pas leurs heures de travail et ne peuvent facilement abandonner leurs passagers et passagères ou leur cargaison lorsqu’ils ou elles éprouvent un malaise au travail. Elles et ils peuvent aussi être appelés à effectuer un travail physique exigeant, notamment à charger ou décharger leur véhicule, rééquilibrer un chargement qui se déplace et installer et enlever des chaînes. De plus, pour un conducteur professionnel ou une conductrice professionnelle, les conséquences d’une collision risquent d’être probablement beaucoup plus lourdes, surtout dans le cas du transport des personnes à bord ou de marchandises dangereuses. La nature de leur travail expose souvent les conducteurs et conductrices de véhicules d’urgence à un stress énorme. Le mauvais temps, qui rend les conditions de conduite moins qu’idéales, est souvent un facteur. On doit aussi attendre des membres de ce groupe qu’elles et ils se conforment à des exigences plus rigoureuses en matière de normes d’aptitude que les personnes qui conduisent des véhicules non commerciaux. Il faudrait aussi garder à l’esprit le fait que les opérateurs et opératrices de machinerie lourde, comme les chargeuses frontales, sont peut-être titulaires d’un permis de classe 5 (véhicule non commercial), plutôt que d’un permis d’une classe supérieure normalement requis pour les conducteurs et conductrices de véhicules commerciaux. D’autre part, une personne détenant un permis de classe 5 peut être un voyageur ou une voyageuse de commerce qui conduit des milliers de kilomètres par semaine dans une automobile.